Tagged: centre de rétention administrative

Monitoring CRA Coquelles

[FR] Signaler quelque chose à propos du CRA de Coquelles. [EN] Reporting something about Coquelles’s detention center.

(English below)

Commentaires racistes des juges et procureurs, avocat·e·s qui refusent de défendre les détenu·e·s, interprètes qui déforment les traductions, flics qui font attendre les visiteur·ices plusieurs heures, cabines téléphoniques en panne… À Coquelles comme dans les autres centres de rétention administrative (CRA), violence, mauvais traitements et autres violations des droits sont quotidiens. Face à cela, ne restons plus isolé·e·s !

Ce formulaire permet de signaler anonymement tout élément dont il vous semble utile de conserver une trace à propos du centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles-Calais. Les données collectées peuvent permettre de surveiller de manière plus systématique les pratiques répressives au CRA. Elles pourront peut-être servir à renforcer le poids des recours de détenu·e·s ou de collectifs de soutien : démontrer des vices de procédures lors des audiences au tribunal, saisir les autorités de défense des droits (Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté, Défenseur Des Droits…), étayer des témoignages de détenu·e·s… Tout fait signalé, même anodin, peut être utile à archiver ! Quel que soit l’usage final de ces données, l’anonymat des personnes détenues et témoins sera toujours protégé.

Le lien du formulaire : https://framaforms.org/monitoring-cra-coquelles-1710703353

English :

Racist comments from judges and prosecutors, lawyers refusing to defend detainees, interpreters distorting translations, cops leaving visitors waiting for several hours, broken telephone booths… In Coquelles like in other administrative detention centers (CRA), violence, mistreatment and other rights violations are daily occurrences. Faced with this, let’s no longer remain isolated!

This form allows you to anonymously report any element that you think would be useful to keep a record of about the Coquelles-Calais administrative detention center (CRA). The data collected could enable to monitor repressive practices at the CRA in a more systematic manner. They may perhaps be used to help appeals by detainees or by support collectives: demonstrate procedural flaws during court hearings, contact the fundamental rights authorities (Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté, Défenseur Des Droits…), support the testimonies of detainees… Any fact reported, even trivial, can be useful to archive! Whatever the final use of this data, the anonymity of detainees and witnesses will always be protected.

The link of the form : https://framaforms.org/monitoring-cra-coquelles-1710703353

Comment retrouver, contacter et soutenir les personnes étrangères arrêtées à la frontière franco-britannique

Also available in English. هذا النص متوفر أيضا باللغة العربية

Dans le nord de la France, les personnes étrangères peuvent être interpellées et placées en retenue administrative par la Police Aux Frontières (PAF) suite à un contrôle d’identité, l’expulsion d’un lieu de vie ou un sauvetage en mer.

La brochure page par page :

La brochure à imprimer :

كيفية العثور على الأشخاص الذين اعتقلتهم شرطة الحدود في كاليه والاتصال بهم ودعمهم

Also available in English. Aussi disponible en français.

في شمال فرنسا، يمكن اعتقال أي شخص ليس مواطنًا فرنسيًا ووضعه في الحجز الإداري من قبل شرطة الحدود بعد مراقبة الهوية، أو الإخلاء من مكان الإقامة، أو الإنقاذ في البحر

كتيب للقراءة

كتيب قابل للطباعة

How to find, contact and support people arrested by the border police at the French-British border

Aussi disponible en français. هذا النص متوفر أيضا باللغة العربية

In the north of france, anyone who is not a french national can be arrested and placed in retenue administrative by the Border Police (Police Aux Frontières– PAF) following an ID control, eviction from a place of residence, or rescue at sea.

Page-by-page booklet:

Printable booklet:

Brochure anticra : “Faire face à la machine à expulser” // Anticra booklet: “Facing the deporting machine”

This document is an adaptation to the situation in Calais of the brochure “From arrest to detention center – Facing the deportating machine when undocumented”, originally written in the Paris region. // Ce document est une adaptation à la situation à Calais de la brochure « De l’arrestation au centre de rétention – Faire face à la machine à expulser quand on est sans-papiers », initialement écrite en région parisienne.

(VERSION FR CI-DESSOUS)

This document is an adaptation to the situation in Calais of the brochure “From arrest to detention center – Facing the deportating machine when undocumented”, originally written in the Paris region.

It aims to collect legal and practical information useful to understand your rights and try to be released in case of arrest and possible deportation. The brochure has been written on the basis of legal texts and first- and second-hand experiences. The French legal system doesn’t leave many opportunities for gaining freedom in such cases, and some of the advice reported here are not legal or legally allowed. This guide is very dense, and practices change from one case to another, and from one prefecture to another. They are therefore not exhaustive.

Moreover, “it’s you and your good luck”: depending on the prefecture, cops, lawyers and judges that you meet, what happens to one person is not guaranteed to happen in the same way to another.

These pages are not only a guide for those who can be deported, but also an act against national borders. This text is not only concerned with providing tools to escape State control, but it also wishes to oppose it, by blocking its deporting machine.

Taking part in a struggle, refusing to board a plane, spending time in jail, and everything that might happen to you while you are in a detention center, is not necessarily going to be a problem when you will try to obtain a residency permit later on.

FR :

Ce document est une adaptation à la situation à Calais de la brochure « De l’arrestation au centre de rétention – Faire face à la machine à expulser quand on est sans-papiers », initialement écrite en région parisienne.

Il vise à rassembler des informations juridiques et pratiques pour comprendre et tenter de s’en sortir en cas d’arrestation et de risque d’expulsion. Il est conçu à partir de la lecture des textes de loi et de retours d’expérience. La loi ne nous laissant pas beaucoup de place pour nous en sortir, un certain nombre de conseils sont en dehors de la légalité. Ce guide est très condensé, et les pratiques évoluent selon le moment et les préfectures. Il n’est donc pas complet.

Par ailleurs, « c’est toi et ta chance » : selon la préfecture, le flic, l’avocat et le juge sur lequel vous tombez, ce qui vous arrivera n’arrivera pas forcément à quelqu’un d’autre.

Cette brochure n’est pas juste un guide à l’usage des personnes susceptibles d’être expulsées, mais aussi une initiative contre les frontières. Il s’agit autant de fournir des outils pour échapper à l’État que de s’opposer à lui, d’enrayer sa machine à expulser.

Participer à des luttes, refuser d’embarquer, faire de la prison, et tout ce qui pourrait arriver pendant que vous êtes au centre de rétention ne posera pas forcément de problème pour votre accès à un titre de séjour plus tard.

BROCHURE PDF :

Version en français page par page :

Pour imprimer : Version en français format livret imprimable.

English version – page by page :

To print: English version – printable booklet.

You can also consult the version made in Paris in Arabic on the blog “À Bas les CRA !” // Vous pouvez aussi consulter la version faite à Paris en arabe sur le blog « À Bas les CRA ! » :

Parloir sauvage devant le CRA de Coquelles ! // Demonstration in support of prisoners in front of the Coquelles detention centre !

Ce lundi, 1er janvier 2024, quelques personnes sont allées devant le CRA de Coquelles, à côté de Calais, pour lancer des messages de soutien et de libertés aux prisonnier-es. Les détenu-es d’une des zones ont pu sortir dans la cour et à leur tour crier “Liberté”.

On Monday 1st of January 2024, a few people went in front of the Coquelles detention centre, near Calais, to send messages of support and freedom to the prisoners. From the courtyard of one of the zones, the detainees were in turn able to shout “Freedom”.

Contre le projet de CRA à Dunkerque – réunion publique vendredi 15 décembre // Against the CRA project in Dunkirk – public meeting on Friday 15/12

[English below]

Prison pour étranger-es : ni à Dunkerque, ni ailleurs !

Les états français et britannique veulent construire un centre de rétention administrative (CRA) à Dunkerque !

Les CRA sont des prisons où l’état français enferme les personnes qui n’ont pas les « bons papiers » dans l’attente de leur expulsion du pays. Il en existe déjà plusieurs dizaines dans toute la france, dont un à Calais et un autre à Lille. Les violences et mauvais traitements contre les prisonnier-es y sont quotidiens.

Ce nouveau projet s’inscrit dans les logiques racistes et sécuritaires de la france et du royaume-uni, comme de l’ensemble des pays européens, qui dépensent des milliards d’euros dans la militarisation des frontières, le flicage et le harcèlement des personnes exilées.

Pour s’informer et s’organiser contre ce projet, rendez-vous vendredi 15 décembre, à 18h, au bar le Kilimanjaro (338 avenue de l’université) à Dunkerque. Au programme, projection d’un court reportage sur les CRA suivie d’une discussion.

LIBERTÉ POUR TOUTES ET TOUS ! Abolition des frontières et des prisons !

Prison for foreigners: neither in Dunkirk, nor elsewhere!

The French and British states want to build an administrative detention center (CRA, “centre de rétention administrative”) in Dunkirk!

CRAs are prisons where the French state locks up people who don’t have the “good papers” while awaiting their deportation from the country. There are already dozens throughout France, including one in Calais and one in Lille. Violence and mistreatment against prisoners is a daily occurrence there.

This new project is part of the racist and securitarian policies of France and the United Kingdom, as well as all European countries, which spend billions of euros on the militarization of borders, policing and harassment of exiled people.

To get information and organize against this project, let’s meet on Friday December 15, at 6 pm, at the bar le Kilimanjaro (338 avenue de l’Université) in Dunkirk. Program: screening of a short report on the CRAs followed by a discussion.

FREEDOM FOR ALL! Abolition of borders and prisons!

L’état lance son appel d’offre pour construire un CRA à Dunkerque / The state launches its call for tenders to build a CRA in Dunkirk

(ENGLISH BELOW)

Organisons-nous contre ce projet !

On savait depuis les annonces de mars dernier de Rishi Sunak et Emmanuel Macron que les états français et britanniques espèrent ouvrir un nouveau centre de rétention administrative (CRA) dans le nord de la france. Ce centre de rétention serait en partie financé par les 500 millions d’euros que le gouvernement Sunak transfère à la France pour “stopper les small boats”.

L’appel d’offre pour la construction de cette prison pour étranger-es a été publié début octobre, suivi de l’annonce par le ministère de l’intérieur de l’ouverture à venir de 11 nouveaux CRA dans le pays : Aix-en-Provence, Béziers, Bordeaux, Dijon, Goussainville, Mayotte, Nantes, Nice, Orléans, Rouen, et donc Dunkerque.

Les détails disponibles sur le marché public sont en ligne ici : https://www.marches-publics.gouv.fr/app.php/entreprise/consultation/2397175?orgAcronyme=g6l

On apprend donc que l’état cherche un terrain à Dunkerque et alentours pour construire cette prison. La destination de Dunkerque n’est pas une coïncidence. En 2022, 142 personnes ont été enfermées au CRA de Coquelles près de Calais après avoir été secourues en mer et 467 personnes ont été enfermées après des interpellation frontières.

Si le gouvernement tente de justifier ce projet coûteux (30 millions d’euros estimés pour la seule construction) en prétendant que ces lieux servent essentiellement à enfermer les “délinquants étrangers”, à la lecture de ces documents on découvre notamment qu’il veut que le CRA contienne une zone pour enfermer des familles. 

Le CRA de Coquelles ne dispose pas de places pour les femmes ou les familles, mais une telle installation fait certainement partie de leur plan pour “résoudre le problème commun” et “arrêter les bateaux”. 

Tant que certaines personnes se verront refuser l’accès aux ferries, les traversées en petits bateaux se poursuivront. Même si la capacité de détention et d’expulsion des personnes en provenance du Nord-Pas-de-Calais est doublée.

Nous regardons de près les infos de ce marché public, nous continuerons de partager les informations et actualités utiles sur notre blog (https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/). Si vous vous penchez également sur ces documents de votre côté, n’hésitez pas à nous partager toute info/avis utile : calais_solidarity [at] riseup.net !

Nous appelons chacun-e à la vigilance concernant tout indice sur le lieu possible de ce projet. Nous invitons également à continuer la mobilisation entamée le mois dernier contre ce projet, comme toutes les autres prisons, qu’elles soient en projet ou déjà existantes !

Feu aux frontières et aux prisons !

ENGLISH:

Let’s organise against this project!

We’ve known since Rishi Sunak and Emmanuel Macron met in March that the French and British governments were hoping to open a new administrative detention centre (CRA) in northern France. The planned detention centre would partly be funded by the 500 million euros the Sunak government is transferring to France to ‘stop the boats’.

The call for tenders for the construction of this prison for foreigners was published at the beginning of October, followed by the announcement by the Ministry of the Interior of the forthcoming opening of 11 new CRAs in the country: Aix-en-Provence, Béziers, Bordeaux, Dijon, Goussainville, Mayotte, Nantes, Nice, Orléans, Rouen, and finally Dunkirk.

Details of the public tender are available here: https://www.marches-publics.gouv.fr/app.php/entreprise/consultation/2397175?orgAcronyme=g6l

So we learn that the state is looking for land in or around Dunkirk to build this prison. The location of Dunkirk is not coincindental. In 2022 142 people were locked up in the CRA of Coquelles near Calais after being rescued at sea and 467 people were locked up after being arrested at the border. 

The government is trying to justify this costly project (estimated at 30 million euros for the construction alone) by claiming that these facilities are essentially used to lock up “foreign delinquents”. However, on reading these documents we discover that they also want the CRA to contain an area for locking up families. The CRA in Coquelles has no spaces for women or families but such a facility surely forms part of their plan to ‘solve the shared problem’ and ‘stop the boats’. 

So long as some people are denied access to the ferries, small boat crossings will continue. Even if the capacity to detain and deport people from the Nord-Pas-de-Calais is doubled.

We’re keeping a close eye on the news of this public contract, and will continue to share useful information and news on our blog (https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/). If you’re also looking at these documents on your own, don’t hesitate to share any useful info/opinions with us: calais_solidarity [at] riseup.net!

We urge everyone to be on the lookout for any clues as to the possible location of this proposed construction. We also call on everyone to continue the mobilisation started last month against this project, as well as to fight againt all other prisons, whether planned or existing already!

Break the borders and burn the prisons!

Calais anticra

[UPDATE: new meeting point! / MISE À JOUR : nouveau point de départ] Prison pour étranger-es : ni ici, ni ailleurs ! // Prison for foreigners: neither here, nor elsewhere!

[Mise à jour : suite à un refus de la préfecture de démarrer au Théâtre, la manifestation commencera finalement place Crèvecoeur à 15h. Update: following a refusal by the prefecture to start at the Theater, the demonstration will finally begin at Place Crèvecoeur at 3pm.]

Manifestation dimanche 17 septembre à Calais, départ à 15h devant le Théâtre. // Protest Sunday September 17 in Calais, departure at 3pm in front of the Theater.

FRANÇAIS :

En mars 2023, les états français et britannique ont annoncé l’ouverture prochaine d’un nouveau centre de rétention administrative (CRA) sur le littoral nord de la france, financé par le royaume-uni.

Les CRA sont des prisons où l’état français enferme les personnes qui n’ont pas les « bons papiers » dans l’attente de leur expulsion du pays. Il en existe déjà plusieurs dizaines dans toute la france, dont un à Coquelles, à côté de Calais. Les violences et mauvais traitements contre les prisonnier-es y sont quotidiens.

Ce nouveau projet s’inscrit dans les logiques racistes et sécuritaires de la france et du royaume-uni, comme de l’ensemble des pays européens, qui dépensent des milliards d’euros dans la militarisation des frontières, le flicage et le harcèlement des personnes exilées.

Alors que la majorité des habitant-es de la région souffrent, comme les personnes exilé-es, d’une grande précarité, il est temps de mettre un terme aux politiques d’enfermement et de déportations. En plus d’être cruelles et inhumaines, ces politiques sont coûteuses et inefficaces : en dépit de tous les mauvais traitements qu’elles subissent ici, les personnes exilé-es continuent de venir pour fuir pauvreté et les conflits, dont les états occidentaux sont souvent en grande partie responsables.

Nous appelons à multiplier les initiatives pour empêcher, par tous les moyens nécessaires, l’ouverture de ce nouveau CRA, ou tout autre lieu de ce type partout sur le territoire, ainsi qu’à pousser à la fermeture de ceux déjà existants.

LIBERTÉ POUR TOUTES ET TOUS !

Abolition des frontières et des prisons !

Infos et actualités anti-CRA à Calais : https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/

ENGLISH:

In March 2023, the French and British states announced the upcoming opening of a new administrative detention center (CRA) on the northern coast of France, financed by the United Kingdom.

CRAs are prisons where the French state locks up people who don’t have the “good papers” while awaiting their deportation from the country. There are already dozens throughout France, including one in Coquelles, near Calais. Violence and mistreatment against prisoners is a daily occurrence there.

This new project is part of the racist and securitarian policies of France and the United Kingdom, as well as all European countries, which spend billions of euros on the militarization of borders, policing and harassment of exiled people.

While the majority of the region’s inhabitants suffer, like people on the move, from great precariousness, it is time to put an end to the policies of confinement and deportations. In addition to being cruel and inhumane, these policies are costly and inefficient: despite all the mistreatment they suffer here, exiled people continue to come to escape poverty and conflicts, from which Western states are often largely responsible.

We call for increased initiatives to prevent, by all means necessary, the opening of this new CRA, or any other place of this type anywhere in the territory, as well as to push for the closure of those already existing.

FREEDOM FOR ALL!

Abolition of borders and prisons!

Anti-CRA information and news in Calais: https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/

Au CRA de Coquelles : “Ils m’ont kidnappé”, témoignage d’Ahmed / In the Coquelles detention center : “They kidnapped me”, Ahmed’s testimonial

[English translation below]

Après avoir fini sa peine de prison, Ahmed a été enfermé au CRA (centre de rétention administrative) de Coquelles, à côté de Calais. La police le retient depuis une vingtaine de jours dans cette prison pour les personnes sans-papiers en attente d’expulsion, alors qu’il voudrait quitter le pays au plus vite pour rejoindre sa famille qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Voici son témoignage, qu’il souhaite diffuser aussi largement que possible, notamment aux journalistes.

« Le 4 août je suis sorti de la prison de Longuenesse. Normalement, je devais sortir entre 8h et 9h. La prison m’a gardé jusqu’à 11h en cellule. Dans la loi française c’est un vice de forme. A 11h je suis sorti de la cellule. A 11h20 j’étais au greffe. Là, il y a eu encore un retard. A 11h45, la police m’a pris dans son bureau. À 12h20, j’avais encore le numéro d’écrou. C’est interdit par la loi française.

Après, ils m’ont menotté derrière le dos, ils m’ont blessé à la main. J’ai dit « vous me faites mal », il m’a dit « je veux rien savoir de tout ça, je fais ce que je veux ». J’ai parlé avec l’assistante sociale d’ici, qui m’a dit « normalement ils doivent te relâcher, ils ont pas le droit de te garder ici ». Quand je suis passé devant le juge, il a rien voulu savoir de tout ça. Il a rigolé devant moi. Pourtant l’avocat a bien dit qu’il y avait un vice de forme. Il m’a donné 28 jours en plus. J’ai fait appel, mon appel a été rejeté j’ai même pas pu passer.

Nous les Marocains, les Algériens, on est bloqués ici. Ils ont pas le droit de me garder ici. Quand j’étais en prison, j’ai écrit plein de lettres à l’ambassadeur du Maroc, il m’a jamais répondu. Je suis bloqué ici. Je comprends pas ce que je fais ici. Quand j’étais à la prison, on m’a dit que j’étais vraiment victime de racisme.

En prison, je suis passé 9 fois devant le juge d’application des peines. Il m’a dit « tu finis la prison, après tu rentres chez toi ». Maintenant on me laisse pas partir. Où elle est la justice ? Moi j’ai jamais refusé d’être expulsé, je me suis toujours bagarré pour rentrer chez moi. Le problème c’est que la justice a toujours refusé quand j’étais en prison. Maintenant elle m’envoie ici.

Ici c’est dégueulasse, on marche au milieu des poubelles, il y a des souris qui nous marchent dessus la nuit. On a des portables donnés par la police, mais le problème c’est qu’ils ont coupé les caméras. Sinon j’aurais filmé tout, tout, tout. Y a rien qui marche ici. C’est pire que la prison !

Aidez-moi s’il vous plaît. Je veux pas rester ici, je veux sortir. J’ai une famille, des enfants. Ils sont au Maroc, et une fille en Angleterre. Ils m’appellent et ils disent « viens chez nous, tu nous manques, viens nous voir ». J’ai fini ma prison, j’ai fait ma peine.

L’autre jour, j’ai fait grève de la faim pendant 4 jours. J’ai pas mangé. L’infirmier il m’a même pas appelé. Normalement tu fais une grève de la faim, au bout du 2ème jour ils t’appellent. Là, il m’a rien demandé. Ils en avaient rien à foutre. Ils en ont rien à foutre de tout le monde ici, pas juste de moi.

Hier, j’ai demandé à l’assistante sociale comment faire pour sortir, pour qu’elle m’aide. J’ai demandé « Vous pouvez demander à la police où ça en est les papiers ? ». Elle m’a dit « non je peux pas faire ça, un criminel il faut qu’il paie. ». J’ai dit « j’ai déjà fait de la prison, j’ai fait ma peine, t’as pas le droit de me parler comme ça ». Je suis parti parce que je veux pas me prendre la tête avec elle, je veux pas plus de problèmes. Mais quand elle a dit ça, j’étais choqué. Moi j’ai payé ma peine en prison.

Ici, dans la promenade, y a des bouteilles, des mouchoirs, des cigarettes, partout, c’est dégueu. Personne vient nettoyer ça. J’ai demandé « donne-moi un balai je vais nettoyer ça », on m’a dit « non monsieur c’est interdit »… Alors ramenez quelqu’un pour nettoyer ça ! Dommage que les téléphones ils aient pas de caméras.

J’ai besoin de parlez avec des journalistes. Il faut qu’on voit ce qu’on fait ici. Ça c’est pas une justice. Ils m’ont kidnappé. Il faut qu’ils paient. Normalement du bureau de la police ils devaient pas me ramener ici, normalement ils devaient me relâcher tout de suite. »

ENGLISH :

After his prison sentence ended, Ahmed was locked up in the Coquelles CRA (centre de rétention administrative = immigration detention centre), near Calais. For about 20 days, the police kept him in this prison for undocumented people waiting to be deported, while he wants to leave the country as soon as possible in order to join his family whom he has not seen for a long time. Here is his testimonial, that he wishes to circulate as widely as possible, especially to journalists.

“On August 4th I got out of Longuenesse prison. Normally, I should have been let out between 8 and 9AM. The prison kept me in my cell until 11AM. In French law, that’s a procedural error. At 11AM, I got out of the cell. At 11.20, I was with the prison’s administration. There, there was another delay. At 11.45, the police took me into their office. At 12.20, I still had a prison identification number. This is forbidden by French law.

Next, they handcuffed me behind my back, they hurt my hand. I said “you’re hurting me”; he said, ” I don’t want to hear about it, I do whatever I want.” I spoke with the social worker in here who said,  “Normally they have to release you, they are not allowed to keep you in here.” When I appeared before the judge, he did not care about any of this. He laughed in my face. Yet, the lawyer did say that there was a procedural error. He gave me 28 more days. I appealed the verdict, my appeal was rejected, I didn’t even get to pass. 

Us, Moroccans, Algerians, we are stuck here. They are not allowed to keep me in here. When I was in prison, I wrote plenty of letters to the Moroccan ambassador, he never answered. I am stuck here. I don’t understand what I’m doing here. When I was in the prison, I was told that I’ve truly been a victim of racism. 

In prison, I appeared 9 times before the judge for sentence enforcement. He told me, “You will finish prison, then you will go back home.” Now I’m not allowed to go. Where is the justice ? I never refused to be deported, I’ve always fought to go back home. The problem is that the judge always refused while I was in prison. Now, they send me here.

Here it’s disgusting, we walk in the middle of garbage, there are mice running on us at night. We have cell phones given by the police, but the problem is that they cut off the cameras. Otherwise I would have filmed everything, everything, everything. Nothing works in here. It’s worse than jail!

Help me please. I don’t want to stay here, I want to leave. I have a family, children. They are in Morocco, and a daughter in England. They call me and they say,  “Come to our house, we miss you, come to see us.” I have finished prison, I served my sentence.

The other day, I went on a hunger strike for 4 days. I haven’t eaten. The nurse didn’t even call me. Normally, when you go on a hunger strike, after the second day they call you. He didn’t. They didn’t give a fuck. They don’t give a fuck about anybody here, not just me.

Yesterday, I asked the social worker how I can get out, so that she could help me. I asked, “Can you ask the police where we are at with the papers?” She told me “No I can’t do that, a criminal has to pay.” I said, “I’ve already been in prison, I’ve served my sentence, you have no right to talk to me like that.” I left because I don’t want to mess with her, I don’t want more problems. But when she said that, I was shocked. I paid my sentence in prison.

Here, in the prison yard, there are bottles, tissues, cigarettes, everywhere, it’s disgusting. Nobody comes to clean it up. I asked, “Give me a broom, I’ll clean this.” They said, “No, sir, it’s forbidden”… So bring someone to clean this! Too bad the phones don’t have cameras.

I need to speak with journalists. They must see what’s going on here. This isn’t justice. They kidnapped me. They have to pay. Normally from the police office they shouldn’t have brought me back here, normally they should release me right away.”