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Monitoring CRA Coquelles

[FR] Signaler quelque chose à propos du CRA de Coquelles. [EN] Reporting something about Coquelles’s detention center.

(English below)

Commentaires racistes des juges et procureurs, avocat·e·s qui refusent de défendre les détenu·e·s, interprètes qui déforment les traductions, flics qui font attendre les visiteur·ices plusieurs heures, cabines téléphoniques en panne… À Coquelles comme dans les autres centres de rétention administrative (CRA), violence, mauvais traitements et autres violations des droits sont quotidiens. Face à cela, ne restons plus isolé·e·s !

Ce formulaire permet de signaler anonymement tout élément dont il vous semble utile de conserver une trace à propos du centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles-Calais. Les données collectées peuvent permettre de surveiller de manière plus systématique les pratiques répressives au CRA. Elles pourront peut-être servir à renforcer le poids des recours de détenu·e·s ou de collectifs de soutien : démontrer des vices de procédures lors des audiences au tribunal, saisir les autorités de défense des droits (Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté, Défenseur Des Droits…), étayer des témoignages de détenu·e·s… Tout fait signalé, même anodin, peut être utile à archiver ! Quel que soit l’usage final de ces données, l’anonymat des personnes détenues et témoins sera toujours protégé.

Le lien du formulaire : https://framaforms.org/monitoring-cra-coquelles-1710703353

English :

Racist comments from judges and prosecutors, lawyers refusing to defend detainees, interpreters distorting translations, cops leaving visitors waiting for several hours, broken telephone booths… In Coquelles like in other administrative detention centers (CRA), violence, mistreatment and other rights violations are daily occurrences. Faced with this, let’s no longer remain isolated!

This form allows you to anonymously report any element that you think would be useful to keep a record of about the Coquelles-Calais administrative detention center (CRA). The data collected could enable to monitor repressive practices at the CRA in a more systematic manner. They may perhaps be used to help appeals by detainees or by support collectives: demonstrate procedural flaws during court hearings, contact the fundamental rights authorities (Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté, Défenseur Des Droits…), support the testimonies of detainees… Any fact reported, even trivial, can be useful to archive! Whatever the final use of this data, the anonymity of detainees and witnesses will always be protected.

The link of the form : https://framaforms.org/monitoring-cra-coquelles-1710703353

Comment retrouver, contacter et soutenir les personnes étrangères arrêtées à la frontière franco-britannique

Also available in English. هذا النص متوفر أيضا باللغة العربية

Dans le nord de la France, les personnes étrangères peuvent être interpellées et placées en retenue administrative par la Police Aux Frontières (PAF) suite à un contrôle d’identité, l’expulsion d’un lieu de vie ou un sauvetage en mer.

La brochure page par page :

La brochure à imprimer :

كيفية العثور على الأشخاص الذين اعتقلتهم شرطة الحدود في كاليه والاتصال بهم ودعمهم

Also available in English. Aussi disponible en français.

في شمال فرنسا، يمكن اعتقال أي شخص ليس مواطنًا فرنسيًا ووضعه في الحجز الإداري من قبل شرطة الحدود بعد مراقبة الهوية، أو الإخلاء من مكان الإقامة، أو الإنقاذ في البحر

كتيب للقراءة

كتيب قابل للطباعة

How to find, contact and support people arrested by the border police at the French-British border

Aussi disponible en français. هذا النص متوفر أيضا باللغة العربية

In the north of france, anyone who is not a french national can be arrested and placed in retenue administrative by the Border Police (Police Aux Frontières– PAF) following an ID control, eviction from a place of residence, or rescue at sea.

Page-by-page booklet:

Printable booklet:

Parloir sauvage devant le CRA de Coquelles ! // Demonstration in support of prisoners in front of the Coquelles detention centre !

Ce lundi, 1er janvier 2024, quelques personnes sont allées devant le CRA de Coquelles, à côté de Calais, pour lancer des messages de soutien et de libertés aux prisonnier-es. Les détenu-es d’une des zones ont pu sortir dans la cour et à leur tour crier “Liberté”.

On Monday 1st of January 2024, a few people went in front of the Coquelles detention centre, near Calais, to send messages of support and freedom to the prisoners. From the courtyard of one of the zones, the detainees were in turn able to shout “Freedom”.

Au CRA de Coquelles : “Ils m’ont kidnappé”, témoignage d’Ahmed / In the Coquelles detention center : “They kidnapped me”, Ahmed’s testimonial

[English translation below]

Après avoir fini sa peine de prison, Ahmed a été enfermé au CRA (centre de rétention administrative) de Coquelles, à côté de Calais. La police le retient depuis une vingtaine de jours dans cette prison pour les personnes sans-papiers en attente d’expulsion, alors qu’il voudrait quitter le pays au plus vite pour rejoindre sa famille qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Voici son témoignage, qu’il souhaite diffuser aussi largement que possible, notamment aux journalistes.

« Le 4 août je suis sorti de la prison de Longuenesse. Normalement, je devais sortir entre 8h et 9h. La prison m’a gardé jusqu’à 11h en cellule. Dans la loi française c’est un vice de forme. A 11h je suis sorti de la cellule. A 11h20 j’étais au greffe. Là, il y a eu encore un retard. A 11h45, la police m’a pris dans son bureau. À 12h20, j’avais encore le numéro d’écrou. C’est interdit par la loi française.

Après, ils m’ont menotté derrière le dos, ils m’ont blessé à la main. J’ai dit « vous me faites mal », il m’a dit « je veux rien savoir de tout ça, je fais ce que je veux ». J’ai parlé avec l’assistante sociale d’ici, qui m’a dit « normalement ils doivent te relâcher, ils ont pas le droit de te garder ici ». Quand je suis passé devant le juge, il a rien voulu savoir de tout ça. Il a rigolé devant moi. Pourtant l’avocat a bien dit qu’il y avait un vice de forme. Il m’a donné 28 jours en plus. J’ai fait appel, mon appel a été rejeté j’ai même pas pu passer.

Nous les Marocains, les Algériens, on est bloqués ici. Ils ont pas le droit de me garder ici. Quand j’étais en prison, j’ai écrit plein de lettres à l’ambassadeur du Maroc, il m’a jamais répondu. Je suis bloqué ici. Je comprends pas ce que je fais ici. Quand j’étais à la prison, on m’a dit que j’étais vraiment victime de racisme.

En prison, je suis passé 9 fois devant le juge d’application des peines. Il m’a dit « tu finis la prison, après tu rentres chez toi ». Maintenant on me laisse pas partir. Où elle est la justice ? Moi j’ai jamais refusé d’être expulsé, je me suis toujours bagarré pour rentrer chez moi. Le problème c’est que la justice a toujours refusé quand j’étais en prison. Maintenant elle m’envoie ici.

Ici c’est dégueulasse, on marche au milieu des poubelles, il y a des souris qui nous marchent dessus la nuit. On a des portables donnés par la police, mais le problème c’est qu’ils ont coupé les caméras. Sinon j’aurais filmé tout, tout, tout. Y a rien qui marche ici. C’est pire que la prison !

Aidez-moi s’il vous plaît. Je veux pas rester ici, je veux sortir. J’ai une famille, des enfants. Ils sont au Maroc, et une fille en Angleterre. Ils m’appellent et ils disent « viens chez nous, tu nous manques, viens nous voir ». J’ai fini ma prison, j’ai fait ma peine.

L’autre jour, j’ai fait grève de la faim pendant 4 jours. J’ai pas mangé. L’infirmier il m’a même pas appelé. Normalement tu fais une grève de la faim, au bout du 2ème jour ils t’appellent. Là, il m’a rien demandé. Ils en avaient rien à foutre. Ils en ont rien à foutre de tout le monde ici, pas juste de moi.

Hier, j’ai demandé à l’assistante sociale comment faire pour sortir, pour qu’elle m’aide. J’ai demandé « Vous pouvez demander à la police où ça en est les papiers ? ». Elle m’a dit « non je peux pas faire ça, un criminel il faut qu’il paie. ». J’ai dit « j’ai déjà fait de la prison, j’ai fait ma peine, t’as pas le droit de me parler comme ça ». Je suis parti parce que je veux pas me prendre la tête avec elle, je veux pas plus de problèmes. Mais quand elle a dit ça, j’étais choqué. Moi j’ai payé ma peine en prison.

Ici, dans la promenade, y a des bouteilles, des mouchoirs, des cigarettes, partout, c’est dégueu. Personne vient nettoyer ça. J’ai demandé « donne-moi un balai je vais nettoyer ça », on m’a dit « non monsieur c’est interdit »… Alors ramenez quelqu’un pour nettoyer ça ! Dommage que les téléphones ils aient pas de caméras.

J’ai besoin de parlez avec des journalistes. Il faut qu’on voit ce qu’on fait ici. Ça c’est pas une justice. Ils m’ont kidnappé. Il faut qu’ils paient. Normalement du bureau de la police ils devaient pas me ramener ici, normalement ils devaient me relâcher tout de suite. »

ENGLISH :

After his prison sentence ended, Ahmed was locked up in the Coquelles CRA (centre de rétention administrative = immigration detention centre), near Calais. For about 20 days, the police kept him in this prison for undocumented people waiting to be deported, while he wants to leave the country as soon as possible in order to join his family whom he has not seen for a long time. Here is his testimonial, that he wishes to circulate as widely as possible, especially to journalists.

“On August 4th I got out of Longuenesse prison. Normally, I should have been let out between 8 and 9AM. The prison kept me in my cell until 11AM. In French law, that’s a procedural error. At 11AM, I got out of the cell. At 11.20, I was with the prison’s administration. There, there was another delay. At 11.45, the police took me into their office. At 12.20, I still had a prison identification number. This is forbidden by French law.

Next, they handcuffed me behind my back, they hurt my hand. I said “you’re hurting me”; he said, ” I don’t want to hear about it, I do whatever I want.” I spoke with the social worker in here who said,  “Normally they have to release you, they are not allowed to keep you in here.” When I appeared before the judge, he did not care about any of this. He laughed in my face. Yet, the lawyer did say that there was a procedural error. He gave me 28 more days. I appealed the verdict, my appeal was rejected, I didn’t even get to pass. 

Us, Moroccans, Algerians, we are stuck here. They are not allowed to keep me in here. When I was in prison, I wrote plenty of letters to the Moroccan ambassador, he never answered. I am stuck here. I don’t understand what I’m doing here. When I was in the prison, I was told that I’ve truly been a victim of racism. 

In prison, I appeared 9 times before the judge for sentence enforcement. He told me, “You will finish prison, then you will go back home.” Now I’m not allowed to go. Where is the justice ? I never refused to be deported, I’ve always fought to go back home. The problem is that the judge always refused while I was in prison. Now, they send me here.

Here it’s disgusting, we walk in the middle of garbage, there are mice running on us at night. We have cell phones given by the police, but the problem is that they cut off the cameras. Otherwise I would have filmed everything, everything, everything. Nothing works in here. It’s worse than jail!

Help me please. I don’t want to stay here, I want to leave. I have a family, children. They are in Morocco, and a daughter in England. They call me and they say,  “Come to our house, we miss you, come to see us.” I have finished prison, I served my sentence.

The other day, I went on a hunger strike for 4 days. I haven’t eaten. The nurse didn’t even call me. Normally, when you go on a hunger strike, after the second day they call you. He didn’t. They didn’t give a fuck. They don’t give a fuck about anybody here, not just me.

Yesterday, I asked the social worker how I can get out, so that she could help me. I asked, “Can you ask the police where we are at with the papers?” She told me “No I can’t do that, a criminal has to pay.” I said, “I’ve already been in prison, I’ve served my sentence, you have no right to talk to me like that.” I left because I don’t want to mess with her, I don’t want more problems. But when she said that, I was shocked. I paid my sentence in prison.

Here, in the prison yard, there are bottles, tissues, cigarettes, everywhere, it’s disgusting. Nobody comes to clean it up. I asked, “Give me a broom, I’ll clean this.” They said, “No, sir, it’s forbidden”… So bring someone to clean this! Too bad the phones don’t have cameras.

I need to speak with journalists. They must see what’s going on here. This isn’t justice. They kidnapped me. They have to pay. Normally from the police office they shouldn’t have brought me back here, normally they should release me right away.”

Stop à l’enfermement et la déportation des naufragé-es à Calais ! / Stop the detention and deportation of survivors in Calais!

[English below]

STOP À L’ENFERMEMENT ET LA DÉPORTATION DES NAUFRAGÉ-ES À CALAIS !

Depuis des années à la frontière franco-britannique, les autorités profitent des naufrages de bateaux de personnes exilé-es qui tentent de rejoindre le royaume-uni pour arrêter, enfermer et déporter les personnes secourues.

Samedi 12 août, un naufrage meurtrier a eu lieu au large de la ville de Sangatte, près de Calais, avec la mort/disparition d’au moins 8 passager-es d’un “smallboat” (ces bateaux de fortune qu’utilisent les personnes exilées pour franchir la Manche depuis le renforcement de la frontière franco-britannique). Cet énième drame aurait pu être évité et est la conséquence de la militarisation de la frontière, qui n’empêche pas les passages mais les rend seulement plus dangereux. Nos pensées vont aux rescapé-es et victimes ainsi qu’à leurs familles.

Le même jour, un autre naufrage d’une embarcation d’exilé-es a eu lieu dans la Manche. Si ses passager-es ont été moins malchanceux-ses, puisqu’il n’y a eu aucun décès, la Police Aux Frontière (PAF) a profité de l’opération de sauvetage pour arrêter au moins 3 naufragés, et les enfermer au centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles. Les CRA sont des prisons où l’état français enferme les personnes qui n’ont pas les « bons papiers » dans l’attente de leur expulsion du pays. Les conditions de vie et mauvais traitements y sont régulièrement dénoncées par les prisonnier-es, qui n’ont commis aucun délit ou crime.

Cette pratique d’enfermer en CRA les rescapé-es de naufrage est récurrente à Calais. Depuis des années, des personnes sont régulièrement enfermé-es au CRA avec leurs vêtements trempés, sans même qu’on leur donne de quoi se changer.

Survivre à un tel drame est déjà une expérience horrible, qui peut avoir des conséquences psychologiques graves (d’autant qu’ils peuvent réactiver des traumatismes liés à de précédentes traversées aux portes de l’Europe). Le risque de placement en rétention et de déportation est une violence supplémentaire pour les rescapé-es, alors que les CRA sont depuis des années pointés du doigt pour le manque d’accès aux soins, notamment psychologiques.

Les autorités font preuve d’un cynisme sans limite. Profiter d’une opération de secours pour arrêter, enfermer, voire expulser, des naufragé-es, est une honte. L’état espère que ce type de pratiques répressive dissuadera les tentatives de franchissement de la frontière, mais la situation à Calais montre depuis des années qu’il n’en est rien. La possibilité d’être enfermé-e suite à un naufrage risque juste de dissuader les personnes exilé-es d’appeler les secours en cas de problème en mer.

La militarisation de la frontière n’empêche pas les gens de passer la frontière (en témoigne le nombre record d’arrivées “clandestines” au Royaume-Uni en 2022 ; plus de 100 000 personnes migrantes ont traversé la Manche à bord de smallboats depuis 2018 selon un décompte AFP publié le 11 août 2023), mais la rend seulement plus meurtrière (au moins 11 morts depuis début 2023, 376 depuis 1999, sans compter les personnes disparues). Pourtant les gouvernements britannique et français s’obstinent dans cette impasse sécuritaire, avec notamment l’annonce il y a quelques mois d’ouvrir un 2ème CRA dans la région pour enfermer et déporter toujours plus de personnes. Les sommes énormes prévues pour ce type de projet pourraient plutôt servir à renforcer les secours en mer, ou mieux à démanteler la frontière pour que sa traversée ne soit plus un danger.

Nous appelons à la libération immédiate de toustes les naufragé-es enfermé-es, ainsi qu’à la fermeture des CRA, l’arrêt des déportations et la liberté de circulation.

Calais anticra

STOP THE DETENTION AND DEPORTATION OF SURVIVORS IN CALAIS!

For years on the French-British border, the authorities have taken advantage of the search and rescue operations of boats of people on the move trying to reach the United Kingdom to arrest, lock up and deport the survivors.

On Saturday August 12, a deadly shipwreck took place off the town of Sangatte, near Calais, with the death/disappearance of at least 8 passengers from a “small boat” (makeshift boats used by people on the move to cross the Channel since the reinforcement of the Franco-British border). This umpteenth tragedy could have been avoided and is the consequence of the militarisation of the border, which does not prevent border-crossings but only makes them more dangerous. Our thoughts are with the survivors and victims as well as their families.

The same day, another rescue of an small boat took place in the English Channel. The travellers were more fortunate, since there were no deaths, but the French Border Police nevertheless took advantage of the rescue operation to arrest at least 3 survivors, and lock them up in the detention center (CRA – “centre de rétention administrative”) of Coquelles. The CRAs are prisons where the French state locks up people who do not have the “right papers” pending their removal from the country. The living conditions and ill-treatment inside are regularly denounced by the prisoners, who have not committed any offense or crime.

This practice of locking shipwreck survivors in the detention center is recurrent in Calais. For years, people have been regularly locked up in the CRA with their clothes soaked, without being given anything dry to change into.

Surviving such a tragedy is already a horrible experience, which can have serious psychological consequences (especially since they can reactivate traumas linked to previous crossings at the edges of Europe). The risk of placement in detention and deportation is an additional violence for the survivors, while the CRAs have been singled out for years for the lack of access to care, particularly psychological care.

The authorities show unlimited cynicism. Taking advantage of a rescue operation to arrest, confine, or even remove survivors people is shameful. The state hopes that this type of repressive practice will deter attempts to cross the border, but the situation in Calais has shown for years that this is not the case. The possibility of being locked up following a shipwreck just risks dissuading people on the move from calling for help in case of a problem at sea.

The militarization of the border does not prevent people from crossing (evidenced by the record number of “clandestine” arrivals in the United Kingdom in 2022; more than 100,000 migrants have crossed the Channel on board small boats since 2018 according to an AFP count published on August 11, 2023), but only makes it more deadly (at least 11 people killed since the beginning of 2023, 376 since 1999, not counting the missing people). Yet the British and French governments persist in this securitisation impasse, with in particular the announcement a few months ago to open a second CRA in the region to lock up and deport ever more people. The enormous sums planned for this type of project could better be used to reinforce rescue at sea, or better still to dismantle the border so that crossing it no longer presents danger.

We call for the immediate release of all shipwrecked imprisoned, as well as the closure of the detention centers, a halt to deportations and freedom of movement.

Calais anticra

CRA de Coquelles : violences policières, tentatives de suicides et résistance aux expulsions

(TW : Tentatives de suicide)

Ces derniers mois plusieurs détenus ont témoigné auprès du collectif anti-CRA des violences physiques et psychologiques subies durant leurs détentions. Ils sont plusieurs à être choqués du traitement que l’État français réserve aux personnes qui n’ont commis comme seul « crime » de ne pas avoir les bons papiers.

Depuis leurs arrestations, les détenus racontent être victimes d’humiliations et de tabassages par les flics. La pression qui leur est imposée est si forte que certains ne parviennent plus à la supporter et tentent de mettre fin à leurs jours. Les tentatives de suicides sont fréquentes, à la fois signe de désespoir et ultime stratégie de résistance.  Pourtant, même après une hospitalisation pour tentative de suicide, les libérations sont rarement accordées ; après un séjour à l’hôpital les détenus sont replacés en CRA si l’administration estime qu’une expulsion vers un autre pays est toujours envisageable. De la même manière, les libérations suite à des tentatives de suicide sont souvent conditionnées par des assignations à résidence afin que les autorités puissent continuer à pouvoir harceler et persécuter les personnes jusqu’à ce qu’un retour vers le pays d’origine soit possible.

Les détenus qui ont souhaité témoigner ont tous évoqué le cas d’une personne qui en plein vol au moment de son expulsion vers la Tunisie a réussi à saisir la poignée d’ouverture d’urgence des portes de l’avion en menaçant de l’ouvrir si l’avion n’atterrissait pas. Le pilote a décidé de faire atterrir à Marseille le jet affrété spécifiquement pour la dizaine d’autres détenus d’origine algérienne. Tous ont été replacés au CRA le même jour.

Comme dans bien des cas, le pilote est le dernier pion sur lequel repose l’espoir des personnes qui sont en train d’être déportées vers les pays qu’elles ont quitté, souvent au péril de leur vie. Il est en effet le seul a pouvoir refuser de faire décoller l’avion ce qui oblige l’administration française à devoir organiser à nouveau l’expulsion des prisonniers des CRA. Des vidéos prises par une passagère d’un vol en direction de la Turquie nous ont été transmises : on entend un homme en train d’être expulsé hurler pour alerter les passagers et les mobiliser afin d’empêcher l’avion de décoller.

Alors qu’il résistait, cet homme a subi des violences de la part des keufs qui l’accompagnaient dans l’avion. Voici quelques photos de ses blessures :

Si ce type de violences sont très fréquentes en CRA, les témoignages photos ou vidéos de ce type sont rares car les détenus n’ont pas le droit d’avoir accès à des téléphones avec des caméras. À Coquelles, jusqu’à l’an dernier, les détenu-es avaient le droit d’accéder quelques minutes par jour à leur téléphone (mais pas en zone « de vie »), ce qui permettait par exemple de prendre des photos en cas de blessures. Mais depuis le 1er janvier 2023, ce droit leur a été arbitrairement retiré. Une manière parmi d’autres pour éviter que la réalité des prisons soit connue.

Comme toutes les prisons, les centres de rétention doivent disparaître.

Coquelles detention center: police violence, suicide attempts and resistance to deportation

(TW: Suicide attempts)

In recent months, several detainees have testified to the anti-CRA collective about the physical and psychological violence suffered during their detention. Many of them are shocked by the treatment that the French state reserves for people who have committed the only “crime” of not having the right papers.

Since their arrests, the detainees have reported being victims of humiliation and beatings by the cops. The pressure imposed on them is so strong that some can no longer bear it and try to end their lives. Suicide attempts are frequent, both a sign of despair and the ultimate strategy of resistance. Yet even after hospitalization for attempted suicide, releases are rarely granted; after a stay in hospital, detainees are placed back in CRA if the administration considers that deportation to another country is still possible. Similarly, releases following suicide attempts are often conditioned on house arrest so that the authorities can continue to harass and persecute people until a return to the country of origin is possible. 

The detainees who wanted to testify all mentioned the case of a person who, in the middle of the flight at the time of his deportation to Tunisia, managed to grab the emergency opening handle of the plane’s doors, threatening to open if the plane did not land. The pilot decided to land the chartered jet in Marseilles specifically for the dozen other detainees of Algerian origin. All were returned to the CRA the same day.

As in many cases, the pilot is the last pawn on which rests the hope of people who are being deported to the countries they left, often at the risk of their lives. He is indeed the only one who can refuse to take off the plane which forces the French administration to have to organize again the expulsion of the prisoners of the CRA. Videos taken by a passenger on a flight to Turkey have been transmitted to us: we hear a man being expelled screaming to alert passengers and mobilize them to prevent the plane from taking off.

While resisting, this man suffered violence from the cops who accompanied him on the plane. Here are some pictures of his injuries:

If this type of violence is very frequent in CRA, photo or video testimonies of this type are rare because detainees are not allowed to have access to telephones with cameras. In Coquelles, until last year, detainees had the right to access their telephone for a few minutes a day (but not in the “living” area), which made it possible, for example, to take pictures in case of injuries. But since January 1, 2023, this right has been arbitrarily taken away from them. One way among others to prevent the reality of prisons from being known.

Like all prisons, detention centers must disappear.

2022 : action de solidarité à CRA Coquelles // 2022: Solidarity action at Coquelles detention centre

(English below photos.)

Dimanche 2 janvier 2022, des personnes on décidé de démarrer l’année par une action de soutien aux enfermés du Centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles, à proximité de Calais. Elles se sont rendues sur place et ont fait du bruit et crié des slogans pour la fin des frontières, des états, des prisons et pour demander la liberté de circulation et d’installation pour tou-tes.

Elles ont été vues et entendues par les personnes enfermées, et de la cour de l’extension du CRA, où l’on peut à nouveau entendre et apercevoir les détenus, des cris et slogans de solidarité ont répondu. Les flics-matons du CRA ont alors gazé, tranquillement, à travers le grillage, les enfermés qui criaient “Liberté !”

Comme toutes les prisons, les centres de rétention doivent disparaître.

On Sunday, January 2, 2022, people decided to start the year with an action in support of the prisoners of the Administrative Detention Center (CRA) of Coquelles, near Calais. They went there and made noise and shouted slogans for the end of borders, states, prisons and to demand freedom of movement and settlement for all.

They were seen and heard by the detainees, and from the courtyard of the extension of the CRA, where the detainees can be heard and seen (which was no longer possible), shouts and slogans of solidarity answered. CRA cop-warden then quietly gassed, through the fence, the detainees who were shouting “Freedom!”

Like all prisons, the detention centers must disappear.