Stop à l’enfermement et la déportation des naufragé-es à Calais ! / Stop the detention and deportation of survivors in Calais!

[English below]

STOP À L’ENFERMEMENT ET LA DÉPORTATION DES NAUFRAGÉ-ES À CALAIS !

Depuis des années à la frontière franco-britannique, les autorités profitent des naufrages de bateaux de personnes exilé-es qui tentent de rejoindre le royaume-uni pour arrêter, enfermer et déporter les personnes secourues.

Samedi 12 août, un naufrage meurtrier a eu lieu au large de la ville de Sangatte, près de Calais, avec la mort/disparition d’au moins 8 passager-es d’un “smallboat” (ces bateaux de fortune qu’utilisent les personnes exilées pour franchir la Manche depuis le renforcement de la frontière franco-britannique). Cet énième drame aurait pu être évité et est la conséquence de la militarisation de la frontière, qui n’empêche pas les passages mais les rend seulement plus dangereux. Nos pensées vont aux rescapé-es et victimes ainsi qu’à leurs familles.

Le même jour, un autre naufrage d’une embarcation d’exilé-es a eu lieu dans la Manche. Si ses passager-es ont été moins malchanceux-ses, puisqu’il n’y a eu aucun décès, la Police Aux Frontière (PAF) a profité de l’opération de sauvetage pour arrêter au moins 3 naufragés, et les enfermer au centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles. Les CRA sont des prisons où l’état français enferme les personnes qui n’ont pas les « bons papiers » dans l’attente de leur expulsion du pays. Les conditions de vie et mauvais traitements y sont régulièrement dénoncées par les prisonnier-es, qui n’ont commis aucun délit ou crime.

Cette pratique d’enfermer en CRA les rescapé-es de naufrage est récurrente à Calais. Depuis des années, des personnes sont régulièrement enfermé-es au CRA avec leurs vêtements trempés, sans même qu’on leur donne de quoi se changer.

Survivre à un tel drame est déjà une expérience horrible, qui peut avoir des conséquences psychologiques graves (d’autant qu’ils peuvent réactiver des traumatismes liés à de précédentes traversées aux portes de l’Europe). Le risque de placement en rétention et de déportation est une violence supplémentaire pour les rescapé-es, alors que les CRA sont depuis des années pointés du doigt pour le manque d’accès aux soins, notamment psychologiques.

Les autorités font preuve d’un cynisme sans limite. Profiter d’une opération de secours pour arrêter, enfermer, voire expulser, des naufragé-es, est une honte. L’état espère que ce type de pratiques répressive dissuadera les tentatives de franchissement de la frontière, mais la situation à Calais montre depuis des années qu’il n’en est rien. La possibilité d’être enfermé-e suite à un naufrage risque juste de dissuader les personnes exilé-es d’appeler les secours en cas de problème en mer.

La militarisation de la frontière n’empêche pas les gens de passer la frontière (en témoigne le nombre record d’arrivées “clandestines” au Royaume-Uni en 2022 ; plus de 100 000 personnes migrantes ont traversé la Manche à bord de smallboats depuis 2018 selon un décompte AFP publié le 11 août 2023), mais la rend seulement plus meurtrière (au moins 11 morts depuis début 2023, 376 depuis 1999, sans compter les personnes disparues). Pourtant les gouvernements britannique et français s’obstinent dans cette impasse sécuritaire, avec notamment l’annonce il y a quelques mois d’ouvrir un 2ème CRA dans la région pour enfermer et déporter toujours plus de personnes. Les sommes énormes prévues pour ce type de projet pourraient plutôt servir à renforcer les secours en mer, ou mieux à démanteler la frontière pour que sa traversée ne soit plus un danger.

Nous appelons à la libération immédiate de toustes les naufragé-es enfermé-es, ainsi qu’à la fermeture des CRA, l’arrêt des déportations et la liberté de circulation.

Calais anticra

STOP THE DETENTION AND DEPORTATION OF SURVIVORS IN CALAIS!

For years on the French-British border, the authorities have taken advantage of the search and rescue operations of boats of people on the move trying to reach the United Kingdom to arrest, lock up and deport the survivors.

On Saturday August 12, a deadly shipwreck took place off the town of Sangatte, near Calais, with the death/disappearance of at least 8 passengers from a “small boat” (makeshift boats used by people on the move to cross the Channel since the reinforcement of the Franco-British border). This umpteenth tragedy could have been avoided and is the consequence of the militarisation of the border, which does not prevent border-crossings but only makes them more dangerous. Our thoughts are with the survivors and victims as well as their families.

The same day, another rescue of an small boat took place in the English Channel. The travellers were more fortunate, since there were no deaths, but the French Border Police nevertheless took advantage of the rescue operation to arrest at least 3 survivors, and lock them up in the detention center (CRA – “centre de rétention administrative”) of Coquelles. The CRAs are prisons where the French state locks up people who do not have the “right papers” pending their removal from the country. The living conditions and ill-treatment inside are regularly denounced by the prisoners, who have not committed any offense or crime.

This practice of locking shipwreck survivors in the detention center is recurrent in Calais. For years, people have been regularly locked up in the CRA with their clothes soaked, without being given anything dry to change into.

Surviving such a tragedy is already a horrible experience, which can have serious psychological consequences (especially since they can reactivate traumas linked to previous crossings at the edges of Europe). The risk of placement in detention and deportation is an additional violence for the survivors, while the CRAs have been singled out for years for the lack of access to care, particularly psychological care.

The authorities show unlimited cynicism. Taking advantage of a rescue operation to arrest, confine, or even remove survivors people is shameful. The state hopes that this type of repressive practice will deter attempts to cross the border, but the situation in Calais has shown for years that this is not the case. The possibility of being locked up following a shipwreck just risks dissuading people on the move from calling for help in case of a problem at sea.

The militarization of the border does not prevent people from crossing (evidenced by the record number of “clandestine” arrivals in the United Kingdom in 2022; more than 100,000 migrants have crossed the Channel on board small boats since 2018 according to an AFP count published on August 11, 2023), but only makes it more deadly (at least 11 people killed since the beginning of 2023, 376 since 1999, not counting the missing people). Yet the British and French governments persist in this securitisation impasse, with in particular the announcement a few months ago to open a second CRA in the region to lock up and deport ever more people. The enormous sums planned for this type of project could better be used to reinforce rescue at sea, or better still to dismantle the border so that crossing it no longer presents danger.

We call for the immediate release of all shipwrecked imprisoned, as well as the closure of the detention centers, a halt to deportations and freedom of movement.

Calais anticra