Briançon. La frontière tue. La militarisation est son arme. / Chronique d’une mort annoncée.

Nous transmettons ces deux communiqués reçus du Refuge autogéré “Chez Jesus” – https://www.facebook.com/Chez-Jesus-Rifugio-Autogestito-362786637540072/

Autres sources d’information :

Version en italien ci-dessous.

Une femme est morte. Un cadavre sans nom a été retrouvé mercredi près du barrage de Prelles, dans la Durance, la rivière qui traverse Briançon.
Une femme noire, sans papiers, dont personne n’a déclaré la disparition. Un corps sans vie et sans nom, comme les milliers qui sont retrouvés dans le fond de la Méditerranée.
Cette mort n’est pas une disgrâce inattendue, ce n’est pas un hasard. La montagne, la neige et le froid n’ont rien à voir là-dedans.
Cette mort a été annoncée par l’hiver qui vient de passer, par la militarisation qui, ces derniers mois sévit dans ces montagnes et par les dizaines des personnes hospitalisées après les blessures causées par leur fuite vers la France. C’est une conséquence inévitable de la politique de fermeture de la frontière et de la militarisation.
Ce décès n’est pas une fatalité.  C’est un homicide, avec des mandataires et des complices bien faciles à identifier.
En premier lieu les gouvernements, leur politique de fermeture de la frontière, et chaque personne qui la soutient.
Gendarmes, police de l’air et des frontières, chasseurs alpins, et maintenant ces ridicules néofascistes de Génération Identitaire, qui patrouillent sur les chemins et les routes pour partir à la chasse aux migrants qui cherchent un passage par ces cols.  Ils traquent sur les sentiers et dans la neige avec des motoneiges ; les attendent dans la voiture, à l’affut, sur les routes qui amènent à Briançon et celles du centre-ville. Beaucoup des cas cet hiver de personnes blessées et conduites à l’hôpital font suite à des chutes dues aux fuites consécutives aux contrôles de police.
 Cette femme-là n’est qu’une des dizaines d’exilés qui, chaque jour, cherchent à aller en France pour continuer leur vie. Pour ce faire, elle a dû traverser à pied dans la neige, cette ligne imaginaire qu’ils appellent frontière. En effet, la possibilité de voyager par des moyens de transports sûrs lui a été refusée parce qu’elle ne disposait pas de papiers en règle et par la politique raciste de contrôle qui actent à la frontière. Après elle doit être descendue sur la route, parcourir les 17 kilomètres qui la séparaient de la ville. C’est pendant ce long trajet qu’elle doit être tombée sur un blocage de la police, comme les personnes refoulées le racontent souvent.  Le groupe avec lequel elle était, qui comme elle essayait de traverser la frontière s’est probablement dispersé à la vue de la Police ou de la Gendarmerie qui traquent les indésirables pour les attraper et les ramener en Italie : l’habituel jeu de l’oie cette fois a tué.
Cette femme sans nom doit avoir glissé alors qu’elle essayait de s’échapper et de se cacher, tuée par les contrôles policiers. L’autopsie qui aura lieu à Grenoble dans la journée de lundi nous permettra d’avoir des détails précis sur la cause de sa mort.

La frontière sépare et tue.
N’oublions pas qui sont les responsables.

11 mai, Refuge autogéré Chez Jesus

Chronique d’une mort annoncée

Une semaine est passée depuis la mort de B. Cinq jours depuis que le cadavre d’une jeune femme « peut-être migrante » a été retrouvé, dans le fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.
Voici les faits.
Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la montagne pour éviter les contrôles d’identité.

Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou entendent des bruits.

La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers, pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes de blocage.

Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se trouve à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette, cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq heure du matin, Lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement en Italie.
La femme, elle, disparaît.
La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant quatre heures. La rivière est en crue, et la police concentre ses recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en vont. Cette façon de faire est tout à fait différents des pratiques habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général, après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs et fugitives restant·e·s que pendant quelques dizaines de minutes.
Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait eu lieu.
50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit d’une femme d’1 mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue.
Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la nouvelle le jour suivant, en précisant que « Cette découverte ne correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc de dire si il s’agit d’une personne migrante ».
Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ? Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?
De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait disparu après une poursuite.
Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions publiques en mars dernier.
 Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que « n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort ». Mais cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.
Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans.
Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, B, est morte à cause d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.
B. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en sécurité par les personnes sans papiers.
B. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours plus violente à la chasse aux migrant·e·s.
Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le leur ordonne.
Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants.  Le Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils donnent.
Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de couleur de peau et de nationalité des personnes.
Si cela continue, les morts se multiplieront.

14 maggio, Rifugio Autogestito Chez Jesus

En italien

La frontiera uccide – La militarizzazione è la sua arma.

Una donna è morta. Un cadavere ancora senza nome è stato ritrovato mercoledì all’altezza della diga di Prelles, nella Durance, il fiume che scorre attraverso Briançon.

Una donna dalla pelle nera, nessun documento, nessun appello alla scomparsa, un corpo senza vita e senza nome, come le migliaia che si trovano sul fondo del Mediterraneo.

Questa morte non è una disgrazia inaspettata, non è un caso, non è “strana” per tanti e tante. Non c’ entra la montagna, né la neve o il freddo.

Questa morte è stata annunciata dall’inverno appena passato, dalla militarizzazione che in questi mesi si è vista su queste montagne e dalle decine di persone finite in ospedale per le ferite procuratesi nella loro fuga verso la Francia. È una conseguenza inevitabile della politica di chiusura della frontiera e della militarizzazione.

Questa morte non è una fatalità. È un omicidio, con mandanti e complici ben facili da individuare.

In primis i governi e le loro politiche di chiusura della frontiera, e ogni uomo e donna in divisa che le porta avanti. Gendarmi, polizia di frontiera, chasseurs alpins, e ora pure quei ridicoli neofascisti di Géneration Idéntitaire, pattugliano i sentieri e le strade a caccia dei migranti di passaggio da questi valichi alpini. Li inseguono sui sentieri e nella neve sulle motoslitte; li attendono in macchina in agguato lungo la strada che porta a Briançon e quelle del centro città. Molti i casi quest’inverno di persone ferite e finite all’ospedale in seguito alle cadute dovute alle fughe dalla polizia.

Quella donna era una delle decine di migranti che ogni giorno tentano di andare in Francia per continuare la propria vita. Per farlo, ha dovuto attraversare nella neve, a piedi, quella linea immaginaria che chiamano frontiera. Perché i mezzi di trasporto, sicuri, le erano preclusi data la mancanza di documenti e per la politica razziale di controllo che attuano al confine. Poi è scesa sulla strada, quei 17 chilometri che devono percorrere a piedi per raggiungere la città. È lungo quel tratto che deve essere inceppata in un blocco della polizia, come spesso viene raccontato dalle persone respinte. Probabilmente il gruppo di persone con cui era, che come lei tentava di attraversare il confine, si è disperso alla vista di Polizia o Gendarmerie alla ricerca di indesiderati da acchiappare e riportare in Italia, nel solito gioco dell’oca che questa volta ha ucciso.

Questa donna senza nome deve essere scivolata nel fiume mentre tentava di scappare e nascondersi, uccisa dai controlli poliziesci. L’ autopsia avverà a Grenoble nella giornata di lunedì, solo allora sarà possibile avere maggiori dettagli sulla causa della morte.

La frontiera separa e uccide.

Non dimentichiamo chi sono i responsabili.

11 maggio, Rifugio autogestito Chez Jesus

Cronache di una morte annunciata

È passata una settimana dalla morte di B. Cinque giorni dal ritrovamento del cadavere di una giovane donna, “forse una migrante”, nel fiume sotto Briançon, la Durance.
Questi i fatti.
Un gruppo di quasi una decina di persone parte da Claviere per raggiungere Briançon a piedi. È domenica sera, e come ogni notte i migranti che cercano di arrivare in Francia si ritrovano costretti a camminare per le montagne per evitare i controlli di documenti.
Il gruppo inizia il cammino e poi si divide, una donna fa fatica a camminare ed ha bisogno di supporto. Due persone stanno con lei, e i tre si staccano dal gruppo. Camminano sulla strada, nascondendosi alla luce dei fari di ogni macchina e a ogni rumore.  Infatti la polizia sta attuando una vera caccia al migrante, negli ultimi giorni più che mai. Oltre a nascondersi sui sentieri per sorprendere con le torce chi di passaggio e fare le ronde con le macchine sulla strada, hanno iniziato ad appostarsi sempre più spesso agli ingressi di Briançon e ai lati dei carrefour facendo dei veri posti di blocco.
Il gruppo di tre cammina per una quindicina di chilometri e si trova a 4-5 Km da Briançon. All’altezza della Vachette, cinque agenti della Police National sbucano fuori dagli alberi alla sinistra della strada. Sono le 4-5 del mattino di lunedì 7 maggio. I poliziotti iniziano a rincorrerli. Il gruppetto corre e entra nel paesino della Vachette. Uno dei tre si nasconde; gli altri due, un uomo e una donna, corrono sulla strada. L’uomo corre più veloce, cerca di attirare la polizia, che riesce a prenderlo e lo riporta in Italia diretto. La donna scompare.
La polizia prosegue per altre quattro ore le ricerche nel paesino della Vachette. Il fiume è in piena, e i poliziotti concentrano le ricerche sulle sponde della Durance e nella zona del ponte. Poi la Police se n’è andata. Questo operato si discosta totalmente dalle modalità abituali della Police Nationale, che nella prassi cerca i fuggitivi per non più di qualche decina di minuti. Le ricerche concentrate nella zona del fiume rendono chiaro che i poliziotti avessero compreso che qualcosa di molto grave era successo, a causa loro.
50 ore dopo, mercoledì, un cadavere di una donna viene ritrovato bloccato alla diga di Prelles, a 10 km a sud da Briançon. È una donna nigeriana, un metro e sessanta, capelli lunghi scuri con treccine. Cicatrici sulla schiena, una collana con una pietra blu.
Il Procureur della Repubblica di Gap, Raphael Balland, ha dato la notizia il giorno seguente, dicendo che “Questa scoperta non corrisponde a una scomparsa inquietante. Per il momento, non abbiamo nessun elemento che ci permette di identificare la persona e quindi di dire che si tratta di una persona migrante”. Pesanti le dichiarazioni del procuratore. Una scomparsa “non è inquietante” se non c’è una denuncia, e quindi se si tratta di una migrante? In più il procuratore mente, perché la polizia sapeva che una donna era sparita dopo un inseguimento. Ben pochi i giornali che hanno rilevato la notizia. Sembra che nessuno fosse molto interessato a far uscire la vicenda, anzi. L’interesse è quello di insabbiare questa storia, per evitare un ulteriore scandalo, dopo i due casi di respingimento di donne incinte, che possa scatenare una reazione pubblica davanti alle violenze della polizia.  Un’inchiesta giudiziaria è stata aperta e affidata alla gendarmeria al fine di determinare le circostanze del decesso. Il magistrato ha detto “non avendo elementi che fanno pensare alla natura criminale del decesso, un’inchiesta è stata aperta per determinare le cause della morte”.
Ma anche questo è falso. La natura del decesso è criminale.
Non è una morte casuale, non è un errore. Questo è omicidio. Erano cinque i poliziotti che li hanno inseguiti. Quella donna, B, è morta per causa loro e della politica di leggi che dirige, controlla e legittima le loro azioni. B. è morta perché la frontiera senza documenti non la passi in altro modo. Ma B. non è nemmeno morta a causa della montagna, per errore, e non è morta per la neve quest’inverno. È morta perché stava scappando dalla polizia che in modo sempre più violento si dà alla caccia al migrante. L’hanno uccisa quei cinque agenti, come il sistema di leggi che glielo ordina. Un omicidio con dei mandanti e degli esecutori. Il procuratore di Gap e la prefetto sono responsabili quanto i poliziotti che l’hanno uccisa, date le direttive assassine che danno. Responsabili sono le procure e i tribunali, che criminalizzano i solidali che cercano di evitare queste morti rendendo il più sicuro possibile il passaggio. Responsabili sono tutti i politicanti che portano avanti la loro campagna elettorale sulla pelle delle persone.
Se continuiamo così, i morti aumenteranno. È la militarizzazione che mette in pericolo le persone. La polizia, uccide.

14 maggio, Rifugio Autogestito Chez Jesus