Après la Jungle – un entretien avec Calais Migrant Solidarity, Juin 2019 – Corporate Watch

Article de Corporate Watch, initialement publié sur leur site : corporatewatch.org

(English version here)

En 2016, la ville portuaire de Calais, dans les Hauts-de-France, accaparait les écrans de télé alors qu’une armée de gendarmes et de CRS expulsait la « Jungle » [*] – un bidonville de réfugié·e·s où vivaient environ 6000 exilé·e·s issu·e·s des zones de conflits du monde entier, face aux clôtures barbelées marquant la frontière. Mais l’histoire des réfugié·e·s de Calais commence bien plus tôt, et elle n’est pas encore terminée. Des centaines d’exilé·e·s sont encore concentré·e·s autour du site principale de pour traversée de la Manche, vivant dans des conditions encore plus misérables et précaires maintenant que lorsque la grande jungle a été détruite. Pour se faire une idée de la situation actuelle à Calais, Corporate Watch a discuté avec des ami·e·s de Calais Migrant Solidarity, un réseau actif aux côtés des d’exilé·e·s à Calais depuis 2009.

Combien de personnes sont encore en train de passer la frontière à Calais ? D’où viennent-t’elles ?

À Calais même, peut-être environ 500 personnes. Ça fluctue beaucoup, donc entre 300 et 600 personnes selon les périodes. Mais il y a aussi des centaines d’autres personnes plus loin sur la côte à Dunkerque, et jusqu’en Belgique.

À Calais, les nationalités des gens suivent une constante : ce sont des personnes issues de zones de guerre et de dictatures, ayant un lien historique avec le colonialisme britannique. Donc souvent les gens parlent anglais, ou ont des liens familiaux, ou ont grandi avec une image de la Grande Bretagne comme étant un havre de sécurité et un modèle de démocratie. Il y a beaucoup d’Afghan·ne·s, Irakien·ne·s, Iranien·ne·s, Kurdes, Érythréen·ne·s, Soudanais·e·s, et aujourd’hui quelques autres nationalités, comme Nigérian·ne·s, Tchadien·ne·s, etc.

Il n’y a pas beaucoup d’enfants et de femmes en ce moment, et celleux qui arrivent sont souvent hébergé·e·s par les associations humanitaires. Il y a davantage de familles à Dunkerque, où un maire plus sympathique met à disposition un gymnase où les personnes vulnérables peuvent rester. Il y a peut-être 300 personnes qui y vivent, dont au moins trente familles (une centaine de personnes), et peut-être une centaine de mineur·e·s non-accompagné·e·s. Et 300 autres personnes, plus ou moins tolérées par les autorités, vivent dans des tentes près du gymnase. Beaucoup d’entre elleux sont des Kurdes de plusieurs pays – Turquie, Syrie, Iran et Irak. Il y a aussi des campements afghans et pakistanais, plus informels, dans les bois en périphérie de Dunkerque, qui reçoivent un traitement bien pire et sont attaqués quotidiennement par la police, comme à Calais.

Et les gens réussissent encore à passer ?

Oui, bien sûr. Mais la sécurisation massive de ces dernières années pousse les gens à se déplacer plus loin et à prendre des risques toujours plus grands.

D’où les récentes traversées en bateau qui ont fait les gros titres ?

Iels ne peuvent pas ériger une clôture au milieu de la mer. Les gens trouvent toujours un chemin pour contourner les barrières, par-dessus ou par-dessous, et la traversée par la mer est un des derniers moyens, et un des plus visibles, que les gens ont tentés. C’est extrêmement dangereux, notamment à cause de l’importante circulation maritime. Mais on peut voir l’Angleterre depuis Calais. Ces personnes ont parcouru des milliers de kilomètres pour arriver ici, souvent en ayant risqué leurs vies de nombreuses fois, alors quand iels aperçoivent les falaises de Douvres à l’horizon, iels ne vont pas s’arrêter à ça.

Pour l’instant, la plupart des passages en bateaux sont organisés par des passeurs qui font payer très cher pour les places. Mais il y a aussi des individu·e·s qui tentent de passer sur des radeaux de fortune, comme cet homme, qui sans moteur, a dérivé jusqu’aux Pays Bas. Ces gens ne peuvent même pas s’acheter de gilets de sauvetage – il a été reporté des cas où des magasins ont refusé de vendre des gilets de sauvetage à des gens, leur ont demandé leurs papiers et ont menacé d’appeler la police. Bien sûr, cela n’a aucune incidence sur les passeurs organisés, mais cela rend la tentative de traverser encore plus dangereuse pour les individu·e·s qui essaient par elles/eux-mêmes.

À quoi ressemble la vie quotidienne pour les personnes qui essaient de passer la frontière à Calais aujourd’hui ?

En gros les autorités ont quasiment réussi à dégager les gens du centre ville, et à les empêcher de se créer une installation stable comme l’ancienne jungle. Les gens sont donc éparpillé·e·s et caché·e·s dans des campements très précaires hors de la ville. Iels parlent toujours des « jungles », mais cela ne désigne que quelques tentes cachées dans les fourrés. L’ancienne Jungle a été transformée en réserve naturelle avec dunes et zones humides. Autour, les zones plus habitables, des bois et terrains plats, ont été grillagés pour empêcher les gens d’y vivre.

Les camps sont regroupés autour de trois sites principaux proches de l’autoroute : le rond-point de l’hôpital, le round-point près du stade et la sortie près de l’ancienne jungle. L’État a finalement installé des sanitaires sur ces trois lieux – point d’eau, des toilettes et quelques douches. Ces commodités sont le résultat d’une longue lutte et d’une saisine au tribunal administratif par des personnes sans-papiers, soutenu·e·s par des bénévoles, avec des avocat·e·s de Paris qui avaient déjà plaidé en justice contre la démolition de la Jungle.

Les sanitaires et point d’eau sont gérés par La Vie Active, la même association qui fournissaient des services officiels dans la Jungle et le camp de containers. Ces trois sites sont aussi utilisés comme points de distribution. Les associations humanitaires viennent avec leurs camionnettes à une heure définie pour donner des repas, des vêtements, etc.

On pourrait souligner une chose ici. C’est que, même si il ne fait aucun doute que c’est involontaire, les associations qui font ces distributions participent à la politique des autorités consistant à garder les migrant·e·s séparé·e·s, ségrégué·e·s, hors de la ville. Par le passé, la mairie détestait que les exilé·e·s viennent dans le centre ville pour les distributions de repas, pour recevoir des vêtements du vestiaire de l’église, ou des traitements médicaux dans les principaux centres médicaux. Avoir aujourd’hui tous ces services desservis loin, dans les bois, aide en définitive à dissimuler les migrant·e·s hors de Calais.

photo : un terrain vague où les gens campaient, aujourd’hui clôturé.

 

Que fait-la police ?

A part surveiller les clôtures, la police cible les trois points de distribution. Iels s‘y rendent presque tous les matins. Parfois iels se contentent de se garer et de rester là quelques heures, assis·e·s dans leurs véhicules ou restant debout à l’extérieur. Cela intimide les gens et iels ont peur de s’installer. Ensuite, dès qu’elle a des ordres, la police attaque les camps. Elle travaille avec les autorités préfectorales qui envoient des « nettoyeurs » – des employé·e·s qui ramassent les tentes et les possessions personnelles des gens. A part voler les tentes et effets personnels, la police se plaît à faire usage de gaz lacrymogène. Un peu comme avant le bidonville de 2015.

Évidemment, iels patrouillent également autour des points de passage le long de l’autoroute. Iels attrapent les personnes qui tentent de passer, les arrêtent régulièrement et les emmènent au Centre de Rétention de Coquelles. Parfois, iels les font monter dans leurs véhicules, mais au lieu de se diriger vers Coquelles les conduisent des kilomètres plus loin le long de l’autoroute, et les déposent au milieu de nulle part.

Mais le plus souvent, les policièr·e·s se contentent d’utiliser leurs gazs lacrymogènes et de chasser les gens. Parfois iels les tabassent, avec des bâtons ou des coups de pied. Il y a aussi beaucoup d’insultes et d’intimidation. Les exilé·e·s dénoncent beaucoup ces injures – « toi, sale nègre », « toi, chien noir », etc – les considérant particulièrement dégradantes et choquantes. Comme si tu t’attendais à ce que les agent·e·s de police utilisent la force pour t’éloigner des clôtures, mais que les insultes montraient qu’iels ne se contentent pas « de faire leur boulot », mais qu’iels se délectent de leur propre violence.

Est-ce que les policièr·e·s arrêtent les personnes loin des zones de passage, comme lorsqu’iels patrouillaient à travers la ville, embarquant n’importe qui ressemblant à un·e migrant·e ?

Cela arrive moins qu’avant 2015. Les gens se sentent plutôt à l’abri la journée, mais la nuit, c’est plus courant. La police tourne en camionnettes et ramasse les gens qu’elle voit marcher des jungles à la ville, ou qui reviennent du centre de rétention de Coquelles. Ça arrive toujours que des personnes soient arrêtées et emmenées à Coquelles, puis libérées, et soient de nouveau arrêtées alors qu’elles repartent du centre de rétention. Mais dans l’ensemble, ce genre de contrôle aléatoire n’ait plus la priorité de la police comme cela a pu l’être auparavant.

Quels sont les effets de ces attaques sur les gens ? Est-ce que cela les dissuade de tenter le passage ?

Non, comme on le disait, les gens ont voyagé des milliers de kilomètres et ont enduré énormément. Ils ne vont pas abandonner maintenant.

Ce que l’on voit sont les effets très concrets de ce harcèlement constant sur la santé mentale des personnes. Je pense que ça a vraiment empiré. Il y a toujours plus de grillages et de murs, il est toujours plus difficile de vivre, et plus difficile d’accéder aux zones de passage. Et les gens sont sans relâche chassé·e·s comme s’iels étaient de la vermine. Contraint·e·s à quitter la vile, contraint·e·s à se cacher et à disparaître. Tout cela aggravé par les insultes et les intimidations.

Comme il devient de plus en plus difficile de traverser, les gens peuvent rester beaucoup plus longtemps à Calais qu’avant. On voit aussi un nombre croissant de personnes qui ont déjà été sur la route pendant des années, qui ont parfois déjà vu leur demande d’asile refusée dans d’autres pays européens, et qui arrivent ici, considérant l’Angleterre comme leur dernier espoir.

Tout ça peut conduire à de gros problèmes d’alcool et de drogue, et rend les gens plus vulnérables aux passeurs et autres personnes désireuses de profiter de leur détresse.

image : un des nombreux squats d’avant : l’ « Africa House », 2011

Tu dis que les autorités ont largement réussi à éloigner les gens du centre-ville. Avant 2015, beaucoup habitaient en ville dans des bâtiments vides – à la fois les squats reconnus officiellement que CMS a aidé à créer, mais aussi des occupations informelles qui étaient plus vulnérable aux attaques policières. Ça n’est plus possible ?

Une chose est sûre : il n’y a plus du tout de squats « officiels » aujourd’hui à Calais. Toutes les tentatives récentes d’en ouvrir ont été immédiatement empêchées par la police, légalement ou non. Cela ne veut pas dire que c’est impossible de retenter. Mais il n’y a pas eu assez de personnes à Calais ces derniers temps qui se sont vraiment consacrées à ça.

En ce qui concerne les squats non-officiels, les gens peuvent s’abriter dans des bâtiments et y survivre s’iels restent caché·e·s ou en très petits groupes qui n’attirent pas l’attention. La mairie et la police nient la présence d’ « illégaux » en ville, iels vont peut-être préférer ne rien faire contre de tout petits groupes qui ne se font pas remarquer. Mais il n’y a pas de gros squats, ni de squats très visibles comme il y en a eu par le passé. Ils seraient fermés immédiatement.

Il y a eu un énorme déferlement d’ONG, principalement Britanniques, à Calais en 2015-2016. Est-ce que c’est toujours le cas, ou les associations humanitaires sont-elles parties maintenant que Calais ne fait plus les gros titres ?

Beaucoup sont restées. C’est une grosse différence par rapport à avant 2015 – la présence d’humanitaires, professionnels et bénévoles, toujours assez nombreu·ses·x, surtout venant de l’étranger. Cependant, iels n’ont pas vraiment adapté leur infrastructure et leur approche après la fermeture de la grosse Jungle.

Il y a toujours deux gros entrepôts pour les distributions à Calais. L’un est tenu par Care for Calais, qui distribue principalement des vêtements, tentes, sacs de couchages, articles d’hygiène. Iels travaillent aujourd’hui bien au-delà de Calais, notamment jusque Paris. L’autre hangar est géré par l’association française L’Auberge des Migrants et l’ONG anglaise Help Refugees. Refugee Community Kitchen, qui cuisine et distribue des repas, utilise aussi cet espace.

Help refugees était un gros acteur dans les jungle, après avoir peut-être récolté jusqu’à des millions en donations au Royaume-Unis. Cela lui a donné beaucoup de pouvoir pour orienter les choses, puisque de nombreuses autres associations en étaient dépendantes pour leur propre financement. Aujourd’hui Help Refugees met un terme à sa présence directe sur le terrain à Calais, mais va continuer son activité en devenant une fondation finançant d’autres associations.

Il y a aussi Utopia 56, qui a géré l’ancien camp à Dunkerque, puis a ramassé les détritus sur la jungle, et distribue aujourd’hui des vêtements, des repas et autres.

Un des éléments récents les plus intéressants est le nouvel accueil de jour, tenu par le Secours Catholique. C’est un gros bâtiment dans le centre-ville, rue de Moscou, vers le port. Il est ouvert du lundi au vendredi, jusque 17h, proposant de nombreux ateliers, comme des cours de langue, un atelier couture pour repriser ou ajuster des vêtements, et même une radio. Il y a des points d’eau, des sanitaires, des salles de réunion, et un grand espace où les personnes peuvent se détendre, charger leurs téléphones, utiliser la wifi, boire du thé et jouer à des jeux de société.

Une chose intéressante sur cet accueil de jour, c’est qu’il se trouve juste au coin de la rue de Cronstadt, la rue où CMS avait loué un entrepôt et en avait fait un centre social en 2010. Il avait été fermé quelques jours plus tard par les CRS sous un prétexte douteux de santé et de sécurité. Que penses-tu quand tu vois que le Secours Catholique ouvre un centre à cet endroit aujourd’hui ?

Évidemment, l’Église catholique est bien plus respectable et puissante que nous ne l’étions. Mais c’est une indication intéressante de la façon dont le paysage politique a changé à Calais. En 2010, il aurait été impensable pour l’Église de soutenir un tel projet, sans parler de le mettre en place elle-même.

CMS a essayé par deux fois d’ouvrir des centres légaux, le « centre Zetkin » et celui de la rue de Cronstadt, en plus des nombreux squats. Ces deux centres ont reçu une réponse immédiate de l’État. C’était clair qu’un centre social ouvert aux migrant·e·s dans le centre ville était un affront sérieux aux autorités municipales, et qu’elles ne le toléraient pas.

Il est intéressant de noter comment les choses ont changé – que ce soit les autorités qui ne sont plus tant effrayées par un lieu de ce genre, ou les associations officielles qui veulent aller plus loin.

L’accueil de jour du Secours Catholique est loin d’être parfait, mais c’est un espace qui offre de nombreuses possibilités. Et c’est intéressant, iels semblent travailler d’une façon moins condescendante, être moins dans une relation donnant/receveur que d’autres humanitaires à Calais. De plus, contrairement aux autres associations, la plupart de ces bénévoles sont des habitant·e·s de Calais, présent·e·s sur le long terme, notamment des réfugié·e·s qui se sont installé·e·s ici.

L’espace du Secours Catholique est aussi utilisé par des groupes, comme la Cabane Juridique, qui récolte des témoignages de violences policières ou qui accompagne des personnes en demande d’asile.

On dirait que plusieurs des rôles publics de CMS, comme celui de tenir des centres sociaux ou de surveiller les violences policières, sont aujourd’hui pris en charge par des associations plus officielles. Qu’en penses-tu ? Et quel est le rôle que CMS a à jouer aujourd’hui ?

Oui, c’est vrai. Encore une fois, il est intéressant de voir comment le paysage a changé, par rapport à ce qui était auparavant perçu comme radical et inacceptable par les autorités et les associations humanitaires, et ce qui était considéré normal ou acceptable. Par exemple, CMS ont été les premièr·e·s à Calais à vraiment parler de et à documenter la violence de l’État, avec le dossier de 2010 « Cette frontière tue ». C’était alors vu comme quelque chose de radical, peu d’associations auraient voulu réaliser quelque chose s’en rapprochant. Nous avons aussi été les premièr·e·s à ouvrir un squat réservé à l’hébergement des femmes et des enfants. Aujourd’hui tout le monde est d’accord pour agir contre les violences policières, et chacun·e s’accorde à vouloir fournir des hébergements pour les femmes – si ce n’est pour tout le monde.

Mais une grosse différence demeure toujours entre notre approche et le fonctionnement des associationss humanitaires. Tu peux parler des conditions de vie misérables infligées aux gens. Mais quelles sont les raisons de ces problèmes ? Pourquoi la police tourne constamment, tabassant des gens à Calais, pourquoi des gens vivent caché·e·s dans des tentes dans les bois ?

C’est à cause de la frontière. Ces problèmes seront toujours là, sous une forme ou l’autre, tant que la frontière existera. C’est à dire, tant que que les personnes qui croulent sous les bombes et l’exploitation en Afrique et en Asie tentent de rejoindre ce monde riche qui fournissent ces bombes, et tant que nos politicien·ne·s tentent de les en empêcher. Mais mis à part quelques slogans lors d’un manifestation de temps en temps, les associations humanitaires ne font pas mention de la frontière.

Certaines actions, comme ouvrir des hébergements ou un centre social, peuvent être similaires. Mais nous devons aussi penser aux répercussions plus larges, au sens de ces actions. D’abord, rassemblent-elles les gens – personnes avec ou sans papiers officiels, personnes de Calais ou venues de très loin ? Idéalement, il faut qu’elles soient construites sur une base égalitaire, pas juste donneur/receveur, mais sur le partage et la construction des luttes ensemble. Et remettent-elles en cause le silence sur la frontière, aident-elles à mettre en lumière ces questions que les autorités sont tellement enclines à éluder?

Depuis que CMS a commencé à agir il y a 10 ans en 2009, on pourrait dire que nous avons donné du fil à retordre aux autorités en remettant en cause ses efforts pour dissimuler la frontière et ses effets sur la ville. Iels se l’imaginent propre et blanche – de « vrai·e·s » Français·e·s et des touristes Britanniques écumant gaiement les magasins dans des centres commerciaux brillants. De là vient tout ce travail pour repousser les migrant·e·s hors de la ville, les garder caché·e·s dans les bois. En réalité, Calais est aujourd’hui une ville fantôme, barricadée, où de nombreux et nombreuses calaisien·ne·s blanc·he·s vivent aussi dans la pauvreté. Les politiques de droite anti-migrant·e·s n’ont rien fait pour répondre à cela, si ce n’est désigner un bouc-émissaire.

Au moins quelques un·e·s d’entre nous à CMS ont eu une idée différente de ce que Calais pourrait être. Une ville où les gens avec et sans papiers, Français·e·s ou migrant·e·s, se rencontrent librement, partagent leurs expériences et créativité. Mettant en place ensemble des projets qui pourraient ramener Calais à la vie. Et s’aidant les un·e·s les autres à lutter contre nos ennemi·e·s commun·e·s.


Notes :

Dessins de Carrie Mackinnon

[*] Le mot « jungle » est le terme toujours largement utilisé par les migrant·e·s à Calais pour désigner les campements dans les bois à l’extérieur de la ville. Il était utilisé bien avant 2015, notamment pour la grande jungle des afghans en 2009-2010. Il vient du mot farsi et pachto qui veut dire « forêt» : جنگل (jangal).